Corentin Cornette (ESC Tergnier), 15 ans, et Yann Bortoluzzi (UA Gujan Mestras), bientôt 17 ans, ont, tous les deux, officié comme juges lors de la finale nationale du challenge Equip’Athlé, organisée à Dreux fin octobre. Une compétition lors de laquelle chaque club peut fournir un jeune officiel, qui rapporte lui aussi des points à son équipe. Corentin et Yann ont accepté de revenir pour athle.fr sur cette expérience et sur la décision qu’ils ont prises, lorsqu’ils avaient onze ans, de passer leur diplôme afin d’officier sur les pistes d’athlétisme. Rencontre.

Athle.fr : Vous avez tous les deux participé à la finale du challenge Equip’Athlé en tant que juge. Parlez-nous de cette expérience…
Corentin Cornette : Je n’ai jamais été très attiré par la piste en tant qu’athlète. Je préfère les courses hors stade. Cela m’a donc fait plaisir de pouvoir participer à cette compétition en tant que juge, d’autant que cela m’a permis d’apporter, moi aussi, des points à mon équipe. C’était ma façon de faire partie du collectif.
Yann Bortoluzzi : J’ai été starter le premier jour, puis au chronométrage électronique. Ce n’était pas une première pour moi. Mais cela m’a permis de découvrir un matériel totalement différent de celui que je suis amené à utiliser habituellement. C’était donc très intéressant, même si cela ne change pas grand-chose des autres compétitions.

Qu’est ce qui vous a donné envie de devenir juge si jeune ?
Corentin Cornette : C’est une excellente question... J’ai commencé l’athlétisme à six ans et je crois que j’avais tout simplement envie de m’impliquer davantage dans mon club, où mes parents sont d’ailleurs déjà entraîneurs et dirigeants. Le fait de voir des adultes officier sur les compétitions me donnait aussi envie de faire comme eux. Cela s’est donc fait naturellement.
Yann Bortoluzzi : Je suis devenu juge à la suite d’une blessure, une entorse je crois. Comme je ne pouvais plus m’entraîner, on m’a demandé si je voulais bien apporter mon aide sur une compétition. J’ai accepté d’être « aide arbitre » et j’ai découvert une super ambiance. Cela m’a donné envie de passer mes diplômes et de grimper les échelons.

Qu’est ce qui vous intéresse aujourd’hui dans le fait d’officier sur une compétition d’athlétisme ? Y a-t-il un poste qui vous attire davantage ?
Corentin Cornette : J’ai suivi ces formations avec l’envie de juger sur de grandes compétitions, comme les France. Je suis donc déjà ravi d’avoir pu officier lors des France Nationaux et Espoirs, ainsi qu’à l’occasion d’un match international d’épreuves combinées à Reims. Tous les postes m’intéressent, mais je préfère quand même m’occuper des concours de sauts. Ce sont des disciplines assez impressionnantes, et puis on y est aussi beaucoup plus en contact avec les athlètes, puisque l’on doit communiquer avec eux. C’est une sorte de privilège de les voir de si près. Je me souviens d’avoir ainsi pu discuter avec Antoinette Nana Djimou, il y a deux ou trois ans.
Yann Bortoluzzi : Ce que j’apprécie particulièrement, c’est le fait d’avoir une mission et donc des responsabilités. Car si on se rate, cela implique des choses. Il faut donc être très attentif et réactif pour pouvoir gérer et résoudre rapidement les problèmes, tout en évitant les conflits avec les athlètes et en respectant le règlement. Personnellement, j’aime bien m’occuper du chronométrage électrique même si on est un peu loin des athlètes. Mais ce que j’apprécie surtout, c’est l’ambiance entre tous les arbitres. Quel que soit l’âge, tout le monde est très bien accueilli. Personne n’est exclu. Les anciens prennent en charge les nouveaux. C’est un peu comme une grande famille qui est contente de se retrouver chaque week-end.

Est-ce que vous pensez que cela a pu vous apporter quelque chose personnellement ?
Corentin Cornette : Oui, je pense que je suis moins timide aujourd’hui et que j’ose davantage aller vers les autres… et puis, cela m’a permis de continuer à participer aux compétitions sur piste avec le club, mais d’une autre façon.
Yann Bortoluzzi : Un autre regard sur l’athlétisme, plus de réflexion et de rigueur, de la maturité aussi et une certaine assurance. Je me rappelle avoir réprimandé deux adultes sur une compétition vétéran parce qu’ils étaient à un endroit où ils n’avaient pas le droit d’être. C’est quelque chose que je n’aurais jamais osé faire auparavant.

Propos recueillis par Véronique Bury pour athle.fr